Dans le Calvados, la décision de facturer les interventions des pompiers crée la polémique
Désormais, certaines interventions seront facturées dans le département normand. Ce qui crée une polémique entre la majorité départementale de droite et l'opposition. Une perspective qui déplaît également aux pompiers.
Dans le Calvados, la décision de facturer aux usagers, à partir du 1er avril, certaines interventions des sapeurs-pompiers est à l'origine d'une polémique entre majorité et opposition départementales, sur fond de grogne persistante des sapeurs-pompiers. Le 21 mars, le conseil d'administration du Service départemental d'incendie et de secours (Sdis), présidé par le président UDI du département, Jean-Léonce Dupont, a décidé d'assortir d'une contribution forfaitaire certaines interventions des pompiers.
Désormais, il en coûtera 463 euros pour un déblocage d'ascenseur ou pour une "levée de doute alarme incendie", 410 euros pour un "appel abusif avec engagement", 241 euros pour une personne en état d'ébriété ou pour un "relevage à domicile sans transport", à la suite d'un malaise par exemple, ou encore pour un transport d'un malade à domicile.
- Colère des élus de gauche -
Les élus de gauche de l'agglomération caennaise, toutes tendances confondues, sont montés au créneau samedi, lors d'une conférence de presse, pour dénoncer une mesure qu'ils jugent néfaste pour la population. "Il s'agit d'une vraie atteinte au service public", a dénoncé le député PS et ancien maire de Caen Philippe Duron. Selon lui, la majorité départementale de droite "veut organiser la réfraction de la demande pour accompagner une diminution de l'offre", après avoir déjà "supprimé plusieurs dizaines de postes de sapeurs-pompiers en 3 ou 4 mois". Les élus de gauche accusent M. Dupont de vouloir "faire des économies sur le dos de la santé et de la population", dénonçant tout particulièrement les deux mesures touchant le relevage à domicile et les alarmes incendie.
"Je comprends parfaitement qu'une telle évolution trouble, mais j'en refuse l'exploitation politique, pour ne pas dire partisane", a rétorqué samedi sur son blog le président du conseil départemental. Selon lui, "cette facturation est parfaitement légale" et ne constitue pas "une exception calvadosienne", car "de nombreux Sdis la mettent en oeuvre partout en France". M. Dupont justifie sa décision par sa volonté de ne pas diminuer la contribution départementale au Sdis, dans un contexte de baisse des dotations aux collectivités locales. Il affirme que "cette facturation est le moyen de préserver le service public de secours".
- Les pompiers se disent "sur-sollicités" -
Il précise que la facturation ne concernera pas les missions confiées au Sdis par la loi, qui, elles, continueront à être effectuées sans contrepartie financière. La facturation portera sur "ce qu'on appelle les interventions de confort ou qui peuvent être réalisées par des partenaires privés", explique l'élu. Mais cette perspective fait bondir les pompiers caennais, dont les relations avec leur tutelle sont déjà tendues. Au début de l'année, ils avaient observé une grève de plusieurs jours, s'estimant "sur-sollicités", après la suppression de 30 postes en 2015 et la fermeture la nuit d'une des casernes de Caen.
Source : Orange avec AFP